Le Précepteur

texte Jacob Lenz
mise en scène Sylvain Maurice

Entre auto-portrait et critique sociale, Lenz manie l’ironie et le grotesque.

Entretien avec Nicolas Laurent (juin 2021)



Note d'intention
Le Précepteur, c'est un peu deux pièces en une. La première dit la nécessité d'abolir le préceptorat qui provoque le malheur des familles et traduit l'organisation archaïque de la société. La seconde relate le parcours d'un jeune homme – une sorte d'innocent – qui a le plus grand mal à s'habituer au jeu des grandes personnes car les grandes personnes ont la parole et la confisquent.
Je me suis toujours attaché à mettre en scène des œuvres qui montrent les rapports conflictuels entre un personnage et la société dans laquelle il vit. Avec Lenz, j'ai eu le sentiment de découvrir l'origine d'une dramaturgie qui traiterait ce thème qui m'est cher. Ce qui frappe en effet dans Le Précepteur, c'est le décalage entre la convention de la comédie et la gravité de ce qui est raconté : la fracture entre les classes sociales, la difficulté à aimer, à exprimer son désir. Mais la forme surtout est remarquable : aucune unité de lieu et de temps, nous sommes dans un théâtre poétique. Lenz passe souvent pour un précurseur de l'expressionnisme ; il est un ancêtre de Wedekind. Je veux montrer cette parenté. Lenz est aussi notre contemporain.
Sylvain Maurice

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Un précepteur séduit son élève, est pris de remords, se châtre et épouse néanmoins une jeune et robuste paysanne ; quand à la fille séduite, elle est prise pour femme par celui auquel elle était fiancée dans sa jeunesse. La pièce prend appui sur un fait divers qui fit scandale en Livonie : la séduction de la fille d'un notable par un précepteur entreprenant. Les aristocrates, les bourgeois, les étudiants et les représentants des milieux populaires se côtoient, s'affrontent ou s'ignorent au cours d'une intrigue complexe... Dans Le Précepteur, l'individu médiocre succombe sous les coups d'une société hiérarchisée et stratifiée. Läuffer - le précepteur - n'a aucun espoir d'échapper à sa condition ; ni en lui, ni dans son entourage, il n'existe de vertus positives qui pourraient lui permettre de dépasser les contradictions réelles. Pour autant, Le Précepteur excède la critique sociale... le motif central de l'ensemble de l'oeuvre repose sur l'impossibilité de satisfaire le désir. L'angoisse vécue par Lenz s'apparente, dans son expression, à celle que traduisent l'œuvre de Kierkegaard et, davantage encore, celle de Kafka. C'est peut-être ce qui en fait la profonde originalité.
René Girard Lenz, Genèse d'une dramaturgie du tragi-comique

Générique >

traduction Jörg Stickan
adaptation Sylvain Maurice, Jörg Stickan
avec Jean Pascal Abribat, Simon Bakhouche, Nadine Berland, Yvan Duruz, Pascal Martin-Granel, Désirée Olmi, Michel Quidu, Baptiste Roussillon, Catherine Tolosa
assistanat à la mise en scène Marie-Noële Bordeaux
scénographie et costumes Joëlle Bondil
lumière Philippe Lacombe
son Jean de Almeida

production L'Ultime & Co, coproduction Centre Culturel de l'Albigeois - Scène nationale d'Albi, La Coupole - Scène nationale de Sénart, Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, Thecif - Conseil régional d'Ile-de-France / avec le soutien de l'Adami, de la Drac Ile-de-France et de l'Anpe spectacles
création en 1996
photos © Éric Derval

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