Don Juan revient de guerre

Entretien avec Nicolas Laurent (juin 2021)

Note d'intention
Don Juan revient de guerre, malade, pour retrouver un monde qui semble n’être peuplé que de femmes. Il croit être devenu un autre et part à la recherche de sa fiancée qu’il avait abandonnée. Il vit dans l’attente d’une réponse aux lettres qu’il lui a envoyées depuis le front. Devant le silence de celle qu’il aime, Don Juan revient à sa vie d’avant : commence une ronde incessante de rencontre et d’adieux, des histoires d’amour sans amour avec les femmes qui font cet entre-deux guerres. Des lesbiennes émancipées, des veuves dans le besoin, des « nouvelles-riches » profitant de l’inflation… qui toutes lui rappellent furtivement sa fiancée.

Avec Don Juan revient de guerre, l’une des pièces les plus énigmatiques et fascinantes de Horváth , je retrouve un auteur qui m’a accompagné tout au long de mon parcours artistique. En 1992 d’abord, avec Foi, Amour, Espérance, puis en 1995, avec Un fils de notre temps, avec Michel Quidu qui sera, c’était une évidence tant ces deux textes se font écho, Don Juan.
Le Don Juan d’Horváth n’est pas une simple variation autour de la figure du séducteur. Le temps de la fable – les lendemains immédiats de la première guerre mondiale – fait écho au temps de l’écriture – le milieu des années 30, l’exil d’Horváth fuyant le nazisme. Horváth fait coïncider symboliquement la chute de Don Juan et l’avènement d’Hitler pour faire de Don Juan revient de guerre une « petite danse de mort », une « ronde d’adieu » à un passé heureux.