Enfant, enfances, adolescences [2023-25]

Consultez l'Agenda des représentations : http://sylvainmaurice.fr/les-actus

Après 10 ans à la direction du Théâtre de Sartrouville - CDN, tu reviens en compagnie ? Quel est ton état d’esprit ?

Mon souhait est de revenir aux « fondamentaux », au socle qui fonde mon désir de faire du théâtre. Et bien entendu, le socle, pour moi, c’est l’enfance, encore et toujours. C’est pourquoi je propose un cycle intitulé Enfant, Enfances, Adolescences, qui propose une traversée des répertoires avec pour thème central « la construction de soi aux différents âges de la vie ».

Est-ce que cela signifie que la compagnie va se consacrer à la création jeune public ?

Non, pas exclusivement. L’enjeu pour moi est de faire dialoguer les publics et les artistes à travers les différents âges de la vie : l’adulte regarde l’enfant qui à son tour le regarde dans un jeu infini. Donc il y a des spectacles qui vont être à l’attention du « tout public », comme Petit Eyolf d’Ibsen, et d’autres comme Eden de Rebecca Lighieri qui vont avoir des destinataires plus précis, en l’occurence les jeunes adolescents de la 6ème à la 3ème. Je veux créer du lien.

Ces « fondamentaux » dont tu parles, tu propose de les mettre en œuvre à travers des formats variés - de la grande forme qui se joue dans les théâtres à la petite forme qui se « joue partout ».

Oui, c’est essentiel. Je viens avant tout du terrain, avec l’action culturelle et la formation au centre de ma pratique. Il me semble que la « petite forme » (qui peut se jouer aussi bien dans des lieux non équipés que dans les théâtres) est l’outil idéal pour créer du lien : la proximité avec le public se décline ensuite en rencontre, en atelier de pratique, etc.

Précisément tu proposes de mettre en scène Eden, d’après le roman de Rebecca Lighieri. Qu’est-ce que cela raconte ?

C’est l’histoire d’une ado de 14 ans qui s’ennuie au collège et qui va se trouver transportée dans un autre monde - dont elle découvre au fur et à mesure qu’il est le futur de la planète après une catastrophe climatique. Cet emprunt au récit d’anticipation est aussi une manière de critiquer avec drôlerie et férocité le monde actuel (les parents et leurs préjugés, le monde scolaire, les inégalités sociales) et de mettre en jeu la naissance du désir, de l’amour, de la sexualité. C’est l’éveil du printemps !

Rebecca Lighieri est le pseudonyme d’Emmanuelle Bayamack-Tam et je commence un cycle avec cette autrice : après Arcadie (qui sera repris au printemps 24), je mets en scène Eden, et j’aimerais adapter pour l’automne 2025 Les Garçons de l’Eté pour cinq acteur.trice.s.

A l’opposé, il y a Petit Eyolf d’Ibsen qui est une pièce plus sombre…

La pièce raconte comment se reconstruire après une épreuve terrible. C’est ce chemin et cette « résilience » qui sont au centre du projet, donc elle n'est pas si sombre... La dimension tragique de la pièce - la perte d’un enfant - oblige les personnages à se déplacer : leur individualisme, leur relation aux autres (notamment dans les relations de couple), leur place dans la société sont passés au tamis à travers un examen de conscience sans concession.

C’est un peu la suite de La Campagne de Martin Crimp que tu viens de mettre en scène ?

Oui. Le spectacle est repris à la Scala à partir du 13 mai ainsi qu’au Festival d’Anjou le 23 juin. A la fin de la pièce de Crimp, on ne sait pas si le couple formé par Richard et Liz va résister. A la fin de Petit Eyolf, on sait que le couple va résister, mais on ne sait pas encore comment… C'est tout l'intérêt de la pièce...